The CMA Music Festival 2004

Nashville, Tennessee, 10 au 13 juin

La fréquentation du festival a bien augmenté depuis l'an 2000, date à laquelle le Coliseum stadium et Riverfront Park sont devenus les sites de la Fan Fair. Ensuite, la CMA a considéré que l'appelation Fan Fair (foire des fans) ne correspondaient plus au contexte d'un tel festival situé en ville et a opté pour le nom de l'organisation productrice de l'événement et tout aussi connue du public, devenant CMA Music Festival en 2004. Certaines activités portent toujours le nom de Fan Fair et l'on peut supposer que c'est uniquement pour des raisons de tradition.

2002 avait affiché 126 000 billets vendus et 2003 régressait légèrement de 1,7 % pour un chiffre de 124 000. Le contexte et l'ambiance liée à la tragédie du 11 septembre aurait pu avoir de bien plus grandes conséquences sur l'affluence, mais les américains ont du tempérament. Pour l'édition 2004, le changement de nom et l'annonce d'un programme plus large au point de vue musical a dopé les ventes pour atteindre 132 000 tickets vendus. De belles surprises ont émaillés les concerts au stade dont plusieurs boeufs survoltés. On se souvient de l'arrivée sur scène de Gretchen Wilson sur un squad géant, et de sa participation au show de Brooks & Dunn. Gretchen a d'ailleurs profité du public du stade pour venir le dimanche soir en fin de festival pour réaliser une prestation filmée pour son clip vidéo "Here for the party". La foule était ravie. Brad Paisley, présentateur de l'une des soirées, a invité Josh Turner à ses côtés pour un "Long black train" mettant toujours en valeur la voix grave que l'on ne suppose absolument pas chez ce jeune chanteur au physique plutôt menu.

Les deux scènes du Coliseum stadium se relayent avec une magie unique en son genre car c'est non seulement deux ou trois artistes qui se succèdent mais une kyrielle de stars qui prennent possession du site de 19h à 23h. Une véritable prouesse technique que tout fan de New Country doit voire au moins une fois dans sa vie. Les habitués du Tennessee State Fairgrounds se souviennent de Hank Williams Jr, le fils de Hank Williams, et cela faisait neuf ans qu'il n'avait pas participé au festival. Grosse artillerie sudiste et rock blues, et les habituelles lunettes noires. Son show devait tout naturellement donné lieu lieu à une jam session et le duo Montgomery Gentry s'est donné à coeur joie pour mettre à ébulion les fans, les musiciens et le stade à part entière. La mission était gagnée d'avance et les trombes de country blues et de rock ont électrisé la nuit de Nashville. On va s'en rappeler longtemps. Le CMA Music Festival avait été précédé d'annonces dédiées à l'ouverture musicale du festival par la présence d'artistes proches du milieu country. Chris Cagle a par exemple fait un duo sur CD avec Bret Michaels, le leader du groupe de hard Poison qui dans les années 80 avait placé deux hits au Billboard, "Unskinny bop" et "Every rose has its thorn". Chris et Bret se sont retrouvés sur la scène du stadium et le public jeune a particulièrement bien réagi. Bret Michaels est connu pour sa passion de la country, même s'il est plus connu sur la scène hard FM. Je les ai écouté attentivement, étant à 2 mètres d'eux lors de la conférence de presse dans les sous-sols sécurisés du stade. Le Texas ne pouvait être que présent et Willie Nelson a pu exprimer sa joie d'accueillir Pat Green pour une belle séance de musique et d'humour, surtout avec les chapeaux.

Keith Urban devient un pensionnaire du festival et cette année, il arborait un t-shirt de Led Zeppelin. Toujours au top pour décliner quelques foulées et variantes de jeu de guitare. Le show de Wynonna fut le moment d'une grande émotion puisque tout le monde se remet en mémoire la carrière des Judds, duo qui associait Wynonna Judd, la fille, et sa mère, Naomi Judd, qui a stoppé sa carrière en raison d'une hépathyte. Wynonna a proposé un répertoire mixant R'n'B, soul et gospel. En privé, et vous pouvez voir les photos associées à ce reportage, elle a reçu une plaque commémorant ses trente ans de carrière. Le stadium n'est pas le seul site de concerts puisque de l'autre côté de la rivière, le Cumberland river, plus proche du centre-ville, se trouve le Riverfront Park avec deux scènes aménagées au bord de l'eau. Les concerts y débutent chaque année depuis 2000 dès 10h du matin et jusqu'à 18h. Hormis les artistes, certains shows sont basés sur un thème: cajun, Texas music... En 2003, Kenny Chesney avait choisi de jouer au stadium et au Riverfront Park, et cette année le lancement du festival le jeudi matin fut confié à Jodee Messina sur l'une des scènes du bord du Cumberland. Dix heures le matin est une très bonne heure pour commencer les shows.

Uncle Kracker, le comique, nous a gratifié d'un gospel avec la complicité de Rachel Proctor, mais la chanteuse semblait plutôt esseulée, Uncle ne jouant pas vraiment le principe du duo. Le gospel fait partie de la country et d'ailleurs le festival a été inauguré par l'hymne national chanté par Miss America Ericka Dunlap, dédicaçant la chanson à Ray Charles dont le décés venait d'être annoncé quelques heures plus tôt. Ensuite, ce sont les Naturally Seven, un groupe gospel black qui ont entonné "Amazing grace" en hommage aux hommes et aux femmes qui combattent pour le pays. Les Naturally Seven ont aussi joué au Ryman lors de la Marty Stuart Night où se sont produits Terri Clark, Marty Stuart et Jerry Lee Lewis, arrivant à 2h15 du matin pour 20 minutes de show!! Charlie Daniels fait son show dont "The devil went down to Georgia", puis Sara Evans avec son dernier CD ainsi qu'une reprise de Loretta Lynn "One's on the way" pour la venue de son bébé en septembre, et finit par le hit "Born to fly". Buddy Jewel et Terri Clark sont les suivants et, à un moment donné, Terri explique que le festival va être l'objet d'un documentaire de 2h sur CBS en aout et qu'elle doit re-chanter "Girls lie too". Vince Gill a aussi consacré une portion de sa prestation pour un hommage à Ray Charles avec "When I call your name" enchainé à "Oklahoma borderline" dans des versions un peu différente pour marquer le coup.

Le vendredi, Clint Black jouait "Killin time" à l'harmonica, John Michael Montgomery promotionnait son dernier CD avec l'excellent "Letters from home" et remerciait le public en retournant sa guitareLonestar pour faire apparaitre le "THANK YOU" écrit dessus. Lonestar est présent depuis longtemps ici et la voix de Richie McDonald transcende autant le circuit NASCAR que le Coliseum. Il propose à nouveau "What about now" qui est devenue l'un des thèmes de la série "Days of our lives" qui est diffusée en France, et "Walking in Memphis" une reprise de Marc Cohn. Un fan lancera une casquette sur scène et Richie la dédicacera, ceci pour le côté fan du festival. Joe Nichols a eu la lourde tâche de jouer après Clint Black, dont la réputation d'artiste de classe A est toujours d'actualité. Joe nous a aussi présenté l'un de ses musiciens, Mark McClug, qui joue du violon, de la mandoline et est choriste. Le hit "Brokenheartsville" fut du programme. Martina McBride a repris "Harper Valley PTA", un titre révélé il y a bien longtemps par Donna Fargo et je possède le vynyl pour l'avoir diffusé sur la FM parisienne au début des années 80 lorsque le brouillage des radios pirates était une pratique courante. Martina a clôturé son show par "Somewhere over the rainbow" et "Independence day" un hit qui traite de l'indépendence des femmes, un hymne en quelque sorte. "You can't take the honky tonk out of the girl" fut aussi doublé par Brooks & Dunn pour le special CMA Festival prévu sur CBS. Le duo honky tonk/rock californien a un tel impact sur le public qu'ils sont depuis fin 2004 les nouveaux présentateurs des CMA awards. Ronnie Dunn et Kix Brooks ont une maitrise scénique totale. Gretchen Wilson est donc arrivé sur un véhicule tout terrain à quatre roues en chantant et a rejoint Brooks & Dunn qui l'ont ensuite présenté comme étant la chanteuse la plus rapide à obtenir un album de platine en country. Impressionnant d'entendre les "Hell yeahs" repris en coeur par le public sur "Redneck woman".

Le week end fut aussi très chaud pour le spectacle et le fun, mais le dimanche débuta un peu plus tard au stade en raison de la pluie, mais en contre-partie, ce sont 5 heures de show qui ont été proposées. Chris Cagle pour "Laredo" et "My love goes on and on", puis "Every rose has its thorn" en duo avec son ami Bret Michaels du groupe rock Poison, et "Chicks dig it" une chanson très appréciée de ses fans. La présence de Glen Campbell, une super star des années 60 et 70 pour "Galveston", "By the time I get to Phoenix" et "Rhinestone cowboy". Etant du côté coulisses, je peux vous dire que Glen Campbell a pris en affection Bryan White car il en parlait comme étant l'un des vrais nouveaux talents de sa génération. On se souvient que Bryan fut parrainé par Steve Wariner lors de son début de carrière, un crédit qui vaut de l'or. Darryl Worley fut le suivant à s'accaparer le stadium et le public s'est levé pour "Have you forgotten" un hit en hommage au 11 septembre et basé sur son séjour à Kaboul. Puis "I love her, she hates me and I drink" et "Awful beatiful life". Au tour de Dierks Bentley de jouer deux fois "What was I thinkin" pour le show de CBS, et de reprendre "You never even be called my name" le tube de 75 de David Allan Coe. Dierks est un bavard lorsqu'on le rencontre et il est très convivial avec ses fans. Le son du Texas a raisonné avec Pat Green et Willie Nelson qui a reçu une ovation du public, debout, pour sa venue au festival. Les deux ont chanté "Threadbare Gypsy soul" et Pat s'est livré avec "Wrapped", "Baby doll" et "Wave on wave".

La star australienne Keith Urban pour la quelle 2004 et 2005 sont synonimes de nouveau CD "Be here" et de tournée mondiale a fait valoir ses atouts de guitariste. Keith n'a pas une voix typée country, et il joue là-dessus pour viser la public pop rock US et international avec "Who Wouldn't Want to Be Me", "Raining On Sunday", "You'll Think Of Me" et "Where The Blacktop Ends". "Days Go By" à deux reprises, et un T-shirt de Led Zeppelin pour booster les amateurs de classic rock puisqu'il est aussi influencé par Mark Knopfler. Wynonna, habillée de noir, comme en coulisses, où elle a reçu une plaque commémorant ses 30 ans de carrière, s'est présentée sur scène. "Somebody to love", sa reprise d'Elvis "Burning love", puis deux titres des Judds, "Mama he's crazy" et "Grandpa" pour conclure avec "I want to know what love is" le hit des années 80 du groupe rock Foreigner (Mick Jones, Lou Gramm). Hank Williams Jr a installé un V12 bourré de blues rock et de country, et le final a été largement à la hauteur de la qualité de cette Fan Fair nouvelle version puisque, hormis le fait d'ouvrir la porte à d'autres artistes proches de la country, la seconde nouveauté est que chaque soirée n'était plus consacrée à une major company, mais un mélange s'est produit pour permettre à ceux qui avaient des plannings compliqués de pouvoir jouer le soir de leur choix. Hank Williams parcourant la scène, les doigts agiles sur les cordes de guitare pour dynamiter "All My Rowdy Friends Are Coming Over Tonight" puis "Family Tradition", "A Country Boy Can Survive" et "There's a Tear In My Beer". En coulisses, mes rencontres avec Montgomery Gentry, Buddy Jewel, Clint Black, Lonestar, Hilljack et Restless Heart, entre autres, m'ont permis de glaner un bon nombre d'infos qui apparaissent dans les colonnes de Highway FM Magazine. Je peux vous dire que Buddy Jewel désire parcourir tous les Etats-Unis avant de s'intéresser à l'Europe, tandis que Montgomery Gentry, Gretchen Wilson et Keith Urban ont de réelles intentions de venir du côté des 25!!! Pour actualiser ce reportage, je précise que Gretchen Wilson est venu dans les pays nordiques un peu après ce festival, et est annoncée pour le 17 avril 2005 à Dublin, et le jour suivant à Londres. Willie Nelson est aussi sur les rangs pour un passage début avril à Londres entre autres. D'autres artistes ont émis la volonté de se produire en Europe, mais certains contacts étant en cours, nous vous dévoileront les résultats en temps et en heure.

Jean Agostini

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