19ème Country Rendez-Vous Festival

28, 29 et 30 juillet 2006 - 1 2 3 4 5 6 7

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(Crédit photo: © Pascal Berger - pages 2, 3, 4, 5 et 6 / Jean Agostini - page 7

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Le premier festival de country music de France se veut pluriel dans ses choix pour plaire au plus grand nombre, et cette conception du line-up a aussi pour conséquence de ne pas lasser les tympans. Il arrive parfois que des artistes ayant une production très différente, c’est-à-dire un niveau sonore aux antipodes, se suivent sur scène, mais cela ne choque pas dans la mesure où les prestations riment avec qualité.

N’ayant assisté qu’aux concerts du samedi et dimanche, je laisserai notre collaborateur, Pascal Berger, vous narrer l’effervescence du premier jour. Je n’ajouterai que les notes suivantes. Le second CD à ce jour de Fourthy5 South baigne la country dans un rock situé bien au sud des Etats-Unis, et si le leader, Ashley Bowers, a emprunté les musiciens de Zona Jones, car les siens n’étaient pas présents dans la mesure où le groupe Fourty5 South s'est séparé quinze jours avant le festival. Cette formation avait une dynamique qui cloue au sol. Gardez en tête que cet album est supervisé par Bret Michaels, le leader du groupe Poison, formation naviguant du hard à des riffs plus évolutifs et cultivant la provoc’. A lui seul, Ashley est un sacré baroudeur et il faut écouter le duo « We’are country, so we can » enregistré avec Bret Michaels.

Vendre 200 000 albums en indépendant est à mettre au crédit de Corry Morrow, très connu au Texas et dont les débuts en tant que parolier date de 93. L’alternative country et le rock roots ont dù vous emmener ici sur des routes poussiéreuses, brulées par le soleil, et bien loin des bornes wifi des aéroports !! Il faut aimer les riffs saturés et en ce qui me concerne, c’est du tout bon. Je ne sais plus qui me l’a dit mais Cory chantait pieds nus. Est-ce la même démarche mais de nombreux artistes folk/rock/country alternatifs se montrent sur les livrets de leurs Cds avec les pieds nus. C’est un rapport plus proche avec la nature, une manière de signaler son obédience roots en quelque sorte.

J’évoquerais les Greencards pour situer leur style dans un registre très mélodique et qui donne au bluegrass cette mouture loin du crin crin d’un bon nombre de formations qui accentuent à souhait le tendant plouc. Les trois jeunes musiciens réunis depuis à peine deux ans se déploient sous des voix pures, glissant sur du newgrass et des envolées qui me conduiraient à les appeler les Pink Floyd du bluegrass !!  J’y vais peut-être un peu fort mais c’est dans l’esprit. Un groupe à voir impérativement sur scène car le CD est de qualité mais loin du rendu en concert.

Nugget était l’autre groupe bluegrass, Autrichien pour l’origine, et dont j’ai bien apprécié la reprise de « Mr Sandman ». Les Texas Swing Kings représentaient le western swing avec violon, guitare et dobro et ont eu un bel acceuil égal à leur talent.

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Le commentaire de Pascal Berger pour ce vendredi:

Cette dix-neuvième édition du festival nous fait découvrir dès le vendredi des artistes talentueux dont certains méconnus en France. Le temps n’est pas bien beau ce jour là mais heureusement la pluie cesse lors de l’arrivée des groupes américains. The Texas swing Band, venus tout droit d’Austin Texas, viennent puiser leur influence dans le Western Swing des années 30 ( Bob Wills , Milton Brown … ), cette musique typique du Sud Ouest des USA en cette période de dépression rurale. Ce n’est pas ce que je préfère mais il faut avouer que cela a de quoi plaire aux amateurs de ce style.

Cela rappelle un peu certains morceaux du Hot Club of Cowtown que j’avais apprécié en 2001. Forty 5 South est par contre un nouveau groupe qui sévit depuis peu sur Nashville. Ce soir, le chanteur du groupe est en fait accompagné les musiciens de Zona Jones. Il nous présente la un tout autre style proche d’un son Honky Tonk moderne. C’est fort sympathique et cela a  monté l’ambiance pour ce premier jour de Festival.

Viennentt ensuite les GreenCards. Je ne connaissais pas et cela m’a beaucoup plu, un son frais qui change un peu de ce qu’on a l’habitude d’entendre ! Ce serait à comparer à Nickel Creek , une sorte de Bluegrass , Newgrass. Ils ont quand même ouvert des concerts pour Dylan et Willie Nelson, gage d’ un bon CV!

L’artiste phare de ce vendredi, c’est Corry Morrow ! On sent tout de suite que cet homme a l’habitude de la scène « en Live ». C’est un copain et co-équipier de Pat Green, tous deux du Texas ont un style a eux bien éloigné de la country traditionnelle, plein d’énergie pour des chansons à texte. Ils ont déjà tourné ensemble mais la discographie de Corry est bien moins connue que celle de Pat. Corry, moins connu, nous fait ici en France un show dans le meme esprit. Thanks Guys for the first set !

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Si le Phenix Country Band et l’infatigable Pierre Lorry ont ouvert le festival, ce sont à nouveau des frenchies qui lèvent le rideau du samedi, et des Corses de surcroït, région où la guitare fait partie du sang de chaque individu. Présence scénique impressionante sans tomber dans le too much, look fashion très agréable et une partition Nashville Sound rétro qui a semé le doute dans l’esprit de certaines personnes, se demandant si ces gaillards étaient Américains !!

James Hand était l’un des moments attendus pour revivre la country des années 40 et le style vestimentaire associé. Sa musique est plaisante, et même si je n’écouterai pas sa voix tous les jours, je la préfère à celle de Hank Williams. Le dernier album de James Hand est produit par deux icones du Texas, Ray Benson et Lloyd Maines. Ray est le leader d’Asleep at the Wheel, pour moi lle meilleur groupe de western swing, et Lloyd est le père de Natalie Maines des Dixie Chicks, un excellent groupe qui a apporté un véritable mood novateur dans un milieu country un peu trop figé, mais ceci n’engage que ma pomme. Lloyd est à la guitare, la pedal steel et le dobro sur l’album de James, et sur la scène de Craponne se manifeste une réminéscence des vieux fantômes.

Place à l’une des deux têtes d’affiche, Mark Chesnutt, mais il faut savoir que pour le business US, ce n’est pas Mark Chesnutt mais Jon Randall qui fait l’actu avec son CMA award 2005 obtenu à New York pour la co-écriture de « Whiskey lulluby ». Bref, Mark Chesnutt, arborant un t-shirt de Johnny Cash et tout un symbole quand on se souvient que c'est Mark qui avait annoncé le décès de l'Homme en Noir lors d'un précédent concert en Europe, a d’emblée dévoilé un son performant, une occupation de la scène et une voix à la hauteur de sa réputation. Un « Bubba shot the jukebox » qui m’a emballé et tout un concert, avec des références à Waylon Jenning, et un final en tribute à Hank Williams, alias Bocephus, un vrai show digne du mot Entertainment si cher aux Américains et intraduisible dans la langue de Victor Hugo, mais qui ici se traduit par du honky tonk rock nourri d’arrangements modernes et d’un époustoufflant niveau de production. Mark était un peu malade, paraît-il ( ???), eh bien si vous voulez ma prescription, laissez pénard ce gars-là et sa gentillesse légendaire, et accrochez-vous aux rideaux, çà a décapé !! C’est Zona Jones, un ami de Mark qui avait joué juste avant en éclaireur mais pas pour du beurre car déployant une très belle rythmique country bien mélodique et à découvrir. Et surtout, Zona a innové en faisant une chose inédite à Craponne : se promener à travers le public. On a déjà vu cela au bord de la Cumberland River lors du CMA Music Fest, mais c’est un exercice très sympa et convivial qui fut très apprécié.

The Night of Honky Tonk, comme le festival l’avait baptisé acceuillait Moot Davis et Pete Anderson. Le rendez-vous du hillbilly, du rockabilly, du blues et de la country avait sonné. Pete Anderson a produit 17 des 18 albums de Dwight Yoakam et sa guitare a suivi le même parcours, et idéal après Mark Chesnutt. Quant à Moot, sa pèche a enflammé le public et on se demande quel est son secret, l’enthousiasme de transmettre une réelle passion, c’est tout bète mais çà passe hyper bien. Janvier 2007 devrait voir la sortie du second album de Moot Davis, et je vous conseille l’opus solo de Pete Anderson, instrumental, avec le superbe « Our day will come ».

Rachael Warwick est une artiste Anglaise qui fait l’actu depuis quelques temps et je l’ai rencontré pour la première fois lors d’un showcase à New York lors des CMA awards. Sa musique et son timbre vocal sont calibrés pour la tendance country pop, et j’avais été impressionné par sa version de « Knockin on heaven’s door », superbe chanson du groupe de hard Guns’n’roses et de son leader Axel Rose. Il y a beaucoup d’émotions au travers des chansons de Rachael, et en ce sens elle a un rôle indéniable auprès du public qui aime les sonorités pop, et ceci n’a rien de péjoratif, surtout venant de moi dont le groupe préféré est Toto. La suite fut assurée par John Arthur Martinez, un pilier du label Dualtone basé à Nashville. Eh oui, si les majors compagnies du quartier de Music Row ont nettement moins d’artistes en contrat depuis cinq ans, de nombreux labels indépendants sont apparus dont certains sont très offensifs. Dualtone est aussi le label de Chely Wright (Craponne 2005) et l’un des deux fondateurs, Dan Herrington, fut responsable du label Arista Austin, une division de BMG. John Arthur Martinez distille ses racines hispaniques au fil de sa country et la balance très harmonieuse de sa musique a enchanté tout le monde. Du Tex-mex très doux sur du  honky tonk, de quoi s’imaginer devant une hacienda  quelque part à la frontière qui sépare le Texas du Mexique, et ses versions de « Amarillo by morning » et « When you say nothing at all » avaient énormément d’élégance. Le premier est de 1980 sous la voix de George Strait, et le second a fait un carton avec Keith Whitley.

« I am from Texas » m’avait dit Jon Randall à Londres au Gibson Club lors de notre première rencontre. Jon se revendique du bluegrass et son passage au sein des Nash Ramblers d’Emmylou Harris est une pépite sur son CV. j'ai été émerveillé par son show. Une voix pure, un jeu de guitare mélodique et puissant au gré des paragraphes de ses chansons, des influences bluegrass dans un registre global country balançant vers un rythme Californien. L'un de mes amis a même trouvé un mood Fleetwood Mac sur le titre "Country" et c'était BEAU!!! La présence de Jessi Alexander a agrémenté le show d'une douceur auréolée de blues soul, et l'ayant aussi déjà interviewé, je me souviens de ses préférences pour Bonnie Raitt, Jackson Browne et Rob Crosby. Un sympathique titre country inédit pour le prochain CD de Jon a fait partie de la set-list. La carrière solo de Jon Randall a débuté avec la confiance totale de son entourage puisque pas moins de deux clips vidéos ont été réalisés pour son premier CD « Cold coffee morning ». Cela démontre l’excellente image qu’il générait et de fait toute la crédibilité engendrée au fil du temps. « Whiskey lulluby » sur la scène de Craponne a aussi situé l’artiste pour celles et ceux qui ne le connaissaient que de nom, et qui avaient entendu le hit chanté par Alison Krauss et Brad Paisley. La cerise sur le gateau en 2005 fut Chely Wright faisant un duo avec Vicky Layne. 2006 n’échappe pas à la règle et Jon Randall, qui était en ce qui me concerne la tête d’affiche, a demandé aux Greencards de le rejoindre pour un bœuf, bel esprit, et pratique trop peu répandue entre les artistes Français.

Les Troubadillos ont eu la tache de clôturer le dimanche, et les répertoires de Willie Nelson, Johnny Cash et Merle Haggard ont été scannés avec brio dont une splendide version de « Poncho and Lefty » faisant revivre une belle époque de la country music. Comme disait Robert Palmer avec « Addicted to love », Craponne crée une accoutumance mais personne n’est venu s’en plaindre !!

Texte: Jean Agostini e.mail

Les chiffres officiels de fréquentation:

Cette année encore le festival Country Rendez-Vous bat tous ses précédents records avec  24417 entrées contre 23218 en 2005
Ces chiffres se répartissent de la façon suivante
Réservations 8789 billets achetés avant le festival cette année contre 8564 en 2005.
- Vendredi 6022 spectateurs contre 5802 en 2005
- Samedi 10958 contre 9627 en 2005
- Dimanche 7437 contre 7589 en 2005 (résultat du aux orages sur St Etienne et Clermont-Ferrand semble-t’il

Prochain rendez-vous les 27, 28 et 29 juillet 2007